Salt cedar
Candelaria
Candelaria (Etats-Unis) est un village où la route se termine, dans le désert de Chihuahua. Il est voisin de San Antonio del Bravo, de l’autre côté du Rio Grande, au Mexique. Pour la scolarisation de leurs enfants, les familles sont divisées de part et d’autre de la frontière, les hommes du côté mexicain, les femmes et enfants du côté américain. En fin de semaine, Candelaria se vide de ses habitants et les familles se réunissent au Mexique.
Aucune voie de circulation légale ne reliant directement les deux villages, les habitants se sont cotisés pour construire un pont piéton au début des années 90. Celui-ci permettait un accès permanent aux familles, même durant les périodes de crues du Rio Grande. Bien que le passage entre les deux pays demeurât illégal, il fut toléré par le gouvernement américain jusqu’en 2008, date à laquelle le pont a été détruit par les autorités. Aujourd’hui, les habitants qui souhaitent traverser la frontière légalement doivent faire cinq heures de route pour rejoindre un village situé à deux kilomètres de distance à vol d’oiseau.
Le gouvernement américain a fermé l’école de Candelaria à la fin des années 90, officiellement pour des raisons financières. Du côté mexicain il n’y a ni école ni transport scolaire, car la route de terre reliant le village à l’unique ville des environs, Ojinaga, est trop mauvaise. La seule possibilité pour les enfants d’avoir une éducation au Mexique serait de déménager dans une ville de la région. Mais la plupart des familles possèdent des terres à San Antonio del Bravo et ne souhaitent pas quitter le village. Les parents ont donc décidé de scolariser leurs enfants à l’école de Presidio (Etats-Unis), bien que ce choix oblige ceux-ci à effectuer quotidiennement trois heures et demie de trajet en bus scolaire.
Salt cedar
Le tamaris, arbre venant d’Afrique du Nord, a été introduit par les autorités américaines en 1920, dans le but était de réduire l’érosion dans la vallée du Rio Grande. Cette érosion posait problème au gouvernement américain, car le lit du fleuve qui marque la frontière changeait constamment d’emplacement. Les tamaris étaient destinés à stabiliser la frontière. Après leur introduction, les autorités ont observé que ces arbres étaient de grands consommateurs d’eau et extrêmement envahissants. Cette variété rejette en effet du sel dans le sol, d’où son nom anglais salt cedar. Il a été découvert que cette propriété empêchait tout autre végétal de pousser dans la proximité d’un tamaris. La région s’est progressivement asséchée et le tamaris est rapidement devenu l’unique variété d’arbres de la vallée.
En 2010, le gouvernement américain a essayé d’éradiquer les tamaris en introduisant un scarabée venant de Tunisie. Les arbres semblent effectivement mourir depuis l’arrivée des insectes, mais ceux-ci ont aussi détruit une autre sorte de tamaris appelé evergreen, dont le feuillage est persistant. Cette variété n’est pas envahissante ni destructive comme le salt cedar. Ce sont des arbres plus grands, appréciés pour leur ombrage près des maisons et des ranchs. Ces arbres étaient très utiles dans cette région désertique et leur disparition est problématique pour les habitants de la vallée. L’autre conséquence négative de l’introduction des scarabées est la formation d’une forêt d’arbres morts qui prend feu au printemps, jusqu’à cinq fois par mois.
Les causes de ces incendies restent mystérieuses. Selon des habitants américains vivant dans la région, ils sont provoqués accidentellement par les paysans mexicains qui ne sont soumis à aucune réglementation. Cependant certains habitants de Candelaria pensent qu’il est possible que les incendies soient provoqués volontairement par les patrouilles frontalières américaines, de manière à empêcher les mexicains de se cacher dans cette forêt de buissons morts.
Lors des incendies, il est rare que les pompiers interviennent car Candelaria est trop isolé. A tel point que la vallée est surnommée la vallée oubliée.