Dialogues silencieux
La série de portraits de mères et filles montre qu’Elisa Larvego ne s’intéresse pas seulement au traitement formel de ses motifs, mais cherche plutôt à s’approcher d’une réalité sociale dans toute sa complexité, sans tomber dans un pseudo-réalisme ni dans les tropes classiques de la photographie de portrait. On y voit des femmes dont l’absence de l’époux et du père a amenées à développer entre elles une relation particulière qui sur l’image se manifeste aussi bien dans le langage corporel que dans un ensemble d’objets chargés de signification.
Ces photographies sont au fond ce que l’allemand appelle Stillleben (vie silencieuse), c’est-à-dire des natures mortes, où les personnages ont engagé un dialogue « silencieux ». On pourrait dire que, dans sa quête de traces, Elisa Larvego nous montre ces femmes et leur environnement quasiment comme des artéfacts, résultats d’une vie commune qui les a façonnées.
Extrait du texte de Susanne Jaschko